subaru64 Messager des dieux
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| Sujet: Disparition de Satoshi Kon Lun 30 Aoû - 12:32 | |
| - Animeland.com a écrit:
- Une terrible nouvelle vient de tomber : la disparition du réalisateur Satoshi Kon. Il allait avoir 47 ans.
Travaillant pour le studio Madhouse, c'est là qu'il avait réalisé quatre longs métrages salués par la critique : Perfect Blue (1998), Millennium Actress (2002), Tokyo Godfathers (2003) et Paprika (2006).
Tous ces films sont sortis en France, au cinéma pour certains. A ce titre, Satoshi Kon était venu dans l'Hexagone à plusieurs reprises, notamment au festival des Nouvelles Images du Japon au Forum des Images à Paris. Nous l'avions rencontré et interviewé à de nombreuses occasions.
Inutile de dire que cette disparition nous affecte particulièrement, d'autant que son cinéma offrait, par son originalité et sa sensibilité, un vent de renouveau.
Satoshi Kon travaillait sur un nouveau projet, Yume miru kikai, un film plus enfantin qui devait sortir les prochains mois.
Vous pouvez relire les propos très intéressants qu'il a tenus en 2003 lors d'une conférence donnée aux Nouvelles Images du Japon en cliquant ici. La traduction française de sa lettre d'adieu, par Catherine Boyer : - Satoshi Kon a écrit:
- Adieu.
18 mai, jour inoubliable.
Mon cardiologue à l’hôpital Croix Rouge de Musashino m’a annoncé la nouvelle en compagnie de ma femme. « Vous êtes atteint d’un cancer pancréatique en phase terminale et la métastase s’étend jusqu'à l’os. Votre espérance de vie ne dépassera pas les six mois ». Nous ne pouvions nous empêcher de rester serrés l’un à l’autre en apprenant ce destin si soudain, si irrationnel. J’ai toujours pensé que la mort était inévitable, mais jamais je ne l’avais imaginé si proche. Tout cela était trop subit.
Je ne peux pas dire qu’il n’y a pas eu de symptômes, en effet il y a deux à trois mois de cela, je ressentais déjà de lourdes douleurs dans plusieurs endroits de mon dos et aux articulations de mes jambes. D’ailleurs je n’avais plus aucune force dans ma jambe droite, ce qui est vite devenu un problème pour marcher. Ainsi, je suis passé par l’acupuncture et la chiropractie qui n’ont rien changé. J’ai donc décidé de passer des tests avec des machines de précisions (IRM/TEP-TDM), m’apprenant que mes jours étaient désormais comptés. Sachant ma mort si proche, je perdais toute volonté de me battre.
Après cette annonce tragique, ma femme a désespérément cherché une manière de me garder en vie. Seulement, je savais que ma mort était inéluctable. J’ai reçu du support de très bons amis et d'importantes connaissances. Mais ayant un point de vue différent de la norme, je rejetais les traitements anti-cancérigènes. Je pensais que refuser d'être "normal" était plus "moi".
Je n’ai jamais fait partie de la majorité. Que ce soit pour les traitements ou autre chose. Pourquoi ne pas vivre comme on l'entends ? Mais comme lorsque je produis des films, la volonté seule n’est pas suffisante. La maladie progressait de jours en jours.
En tant que membre de la société, j’accepte au moins la moitié de ce qu’elle dit être "bon". Je paye mes taxes. Je ne suis pas un homme très influent, mais je suis un citoyen à part entière de la société japonaise. Donc agir autrement en essayant de prolonger ma vie contre mon gré, devait signifier que je devais être prêt à mourir. Ça, je n’en suis pas parvenu. Une de mes dernières initiatives a été de créer une compagnie, accompagné par deux amis sur lesquels je pouvais compter pour s’occuper des droits que je détiens. Une autre chose que je tenais à faire était de léguer ma modeste fortune à ma femme en écrivant un testament. Bien sûr, ma mort ne causera aucun conflit d’héritage, mais je veux être sûr que d’une part, ma femme, laissée seule dans ce monde, n’aura aucune inquiétude et que, d’autre part, je ne serais pas moi aussi, anxieux du fait de partir pour mon voyage dans l’au-delà.
Les paperasses et recherches nécessaires à ces procédures que ni moi ni ma femme n’aiment, ont été prises en charge par un merveilleux ami qui s'en est occupé rapidement. Plus tard, étant dans un état critique dû à la pneumonie que j’avais développé, je remplissais la dernière signature de ce testament. À cet instant, j’ai compris qu’il n’y aurait plus de retour en arrière.
« Ah… enfin je meurs. »
Il y a deux jours, j’ai été transporté à l’hôpital par ambulance et encore un jour après cela, on m'y a conduit une fois de plus… J’ai été hospitalisé et j'ai passé plusieurs examens. Les résultats traduisaient une complication de ma pneumonie ; le fluide pleural s’accumulait très rapidement dans ma poitrine. Mon médecin me donna une réponse très polie qui me rappela un businessman…
« Même si vous survivez ces deux, trois jours… vous ne passerez sûrement pas le mois… »
Tout cela me rappelait la météo. C’était le 7 juillet. Un Tanabata (festival japonais) assez cruel…
Ce jour là, j’ai pris ma décision. Je mourrais chez moi. Cela sera sûrement le dernier ennui que je causerai à mon entourage, mais avec l’aide de ma femme qui s’est battue pour avoir la coopération de l’hôpital (comme s'ils avaient abandonné), le soutien d’autres cliniques et les dons dont je n'imaginais pas la quantité, je pourrais sûrement rentrer... Toutes ces coïncidences, ces actes de bonté envers moi pour soutenir mes désirs, tout cela était dur à croire. Ça ressemblait tout juste à Tokyo Godfathers.
Pendant que ma femme courrait un peu partout pour organiser ma sortie d’hôpital, je me plaignais aux médecins. « Si je rentre chez moi, je sais qu’il y aura beaucoup de choses que je serais encore capable d’accomplir ! ». Puis, j’attendais la mort, seul, dans cette chambre si mélancolique. À ce moment même, je me suis dit savoir ce qu’est de ressentir la vraie solitude. « Peut-être que mourir n’est pas si mal que ça… ». Je n’avais pas vraiment de raisons de penser cela. Peut-être même que j’avais besoin de réfléchir ainsi, mais j’étais étrangement calme. Seule une pensée me tourmentait… « Je ne veux pas mourir dans cet endroit ! ». Pendant que je me disais cela, quelque chose sortait du calendrier accroché au mur et commençait à se répandre dans la pièce. « Oh… une ligne qui sort d’un calendrier. Mes hallucinations ne sont pas très originales. ». J’ai souri à mon professionnalisme déplacé dans de telles situations, mais j’étais sans doute plus proche du ciel que je ne l’ai jamais été. Je sentais la mort. Toute proche.
Grâce à l’aide de plusieurs personnes, j'ai pu finalement sortir de l’hôpital pour retourner dans mon chez-moi, enroulé dans la mort et les draps. « C’est quand-même dur de mourir… » J’aimerais aussi ajouter que je n’ai jamais rien eu contre l’hôpital Musashino. Je voulais revenir chez moi, là ou je vis vraiment. En rentrant, j’étais quelque peu surpris, pendant que je me faisais transporter dans mon salon, tel un trophée, j’eus le privilège de faire l'expérience d’un décès : voir son propre corps descendre dans une salle par le haut. J’étais là, à quelques mètres du sol, regardant la forme du lit au milieu de la pièce. Il était carré et assez imposant, mon corps était enroulé de draps et descendait au milieu. Ce n’était pas une expérience très agréable, mais je ne me plains pas. Maintenant, tout ce que j’avais à faire était d’attendre la mort dans ma propre maison.
Mais.
On dirait que j’ai réussi à passer le cap de la pneumonie…
Hein ?
Je pensais un peu comme ça :
« Je vois que je n’ai pas réussi à mourir (rires) »
Puis, alors que je n’arrivais pas à penser à autre chose qu’à la mort, en imaginant avoir trépassé une fois déjà, au fond de mon esprit, le mot « renaître » était présent.
Étrangement, après cela, mon énergie est revenue. Du plus profond de mon cœur, je suis reconnaissant envers les personnes qui m’ont aidé à franchir ce cap ; d’abord ma femme, puis mes amis qui m’ont énormément encouragé, les médecins et infirmières et enfin les gestionnaires de soins.
Maintenant que mon énergie était revenue, je ne voulais plus perdre de temps. Je me suis dit que l’on m’avait offert une deuxième vie et que je devais la vivre pleinement. J’ai donc voulu effacer une irresponsabilité que j’avais ignoré jusque là. Pour être franc, je n’avais parlé de mon cancer qu’à des proches. Même mes propres parents n’étaient pas au courant. En particulier à cause des complications concernant des activités liées au travail, je ne pouvais en faire part aux autres personnes même si je le voulais. Je pensais annoncer mon cancer sur le net et parler du petit reste de ma vie, seulement si ma mort était prévue. Une vague aurait pu éclater. Pour ces raisons, j’ai agis de manière très irresponsable envers des individus qui étaient honnêtes avec moi. J’en suis vraiment désolé.
Il y avait tellement de personnes que je voulais revoir avant de mourir, les saluer une dernière fois. Famille, connaissances, vieux camarades de classes de primaire, collège et lycée, amis d’université, les personnes que j’ai pu rencontrer dans le monde du manga avec lesquelles j’ai échangé beaucoup de choses et reçu de l’inspiration, celles rencontrées dans le monde de l’animé, assises à coté de moi chaque jours, avec qui j’allais boire un verre, travaillais sur les mêmes projets, les amis avec qui j’ai passé de bons mais aussi de mauvais moments.
Toutes ces nombreuses personnes que j’ai pu connaître grâce à ma position de directeur, tous ces fans pas seulement au Japon mais dans le monde entier, les amis que j’ai rencontré sur le net… Il y a tellement de personnes que je veux revoir (il y en a aussi que je ne veux pas revoir), mais si je les rencontre, j’ai peur que le sentiment que « Je ne reverrais plus jamais cette personne » prenne le dessus et que je ne puisse plus saluer la mort pleinement. Même si j’avais surmonté la pneumonie, je n’avais plus beaucoup de force en moi, rencontrer les gens demandait beaucoup d’efforts. Plus ils voulaient me voir, plus cela devenait difficile pour moi. Quelle ironie ! En plus de cela, la partie inférieure de mon corps était paralysée à cause du cancer qui s'étendait jusqu'aux os. J’étais cloué au lit et je ne voulais pas que les autres me voient ainsi. Je voulais que la plupart des gens que je connaissais se rappellent de moi comme le "Satoshi plein de vie".
J’aimerais utiliser cet espace pour m’excuser auprès de mes proches, amis et connaissances, pour ne pas vous avoir parlé de mon cancer, pour mon irresponsabilité et mon déshonneur. Prenez cela comme mes désirs égoïstes. C’était quelqu’un comme ça, ce Satoshi.. Quand je revois vos visages, je n’ai que de merveilleux souvenirs et me rappelle toujours de vos magnifiques sourires. À tout le monde, un très grand merci pour tout ces beaux moments. J’aime le monde dans lequel j’ai vécu. Le seul fait de pouvoir penser comme cela me rend heureux.
Toutes les personnes que j'ai pu rencontrer dans ma vie, qu'elles soient négatives ou positives, ont aidé à la construction de l'humain qu'est Satoshi Kon, je suis très reconnaissant envers toutes ces personnes. Même si le résultat final est une mort assez précoce, je l'ai accepté comme ma propre et unique destinée. Après tout, j'ai vécu tellement de belles choses dans ma vie. Quand je pense à la mort, la seule chose que je puisse dire est « C'est dommage » vraiment. Mais même si je peux effacer les actes déshonorants que j'ai commis (en ne disant rien à personne), je regrette tout de même deux choses. À propos de mes parents et à propos du fondateur de Madhouse, Murayama-san. Il est un peu tard, mais je n'ai pas d'autres choix que de révéler cette vérité. Je voulais leur implorer le pardon.
En voyant le visage de Maruyama-san venu me visiter chez moi, je ne pouvais retenir ni mes larmes ni ma honte. « Je suis désolé de me montrer sous un si mauvais jour » Maruyama-san se tut, puis il fît un signe de la tête et serra mes mains dans les siennes. J'étais empli de gratitude. Des sentiments de reconnaissance et de joie d'avoir pu travailler à ses côtés. Cela pourrait paraître égoïste, mais je me sentais pardonné pendant un instant.
Mon plus grand regret est le film Yume Miru Kikai. Je suis inquiet non seulement pour le film mais aussi pour mon staff avec qui je coopérais. Après tout, il est possible que cette histoire créée par notre sang, notre transpiration et nos pleurs, ne voit jamais le jour. Pour cause, Satoshi Kon s'est emparé de l'histoire, du scénario, des personnages, de la mise en scène, des sketchs, de la musique... tout le nécessaire. Bien sûr, il y a aussi des choses que je partageais avec le directeur d'animation ou le directeur artistique, mais une grande partie de ce travail ne peut être compris que par Satoshi Kon. Il serait facile de projeter la faute sur moi pour arranger les choses de cette manière, mais de mon point de vue, j'ai fait tous les efforts pour partager ma pensée avec mon staff. Dans mon état, je ne peux que ressentir du remord... À toute l'équipe, veuillez accepter toutes mes excuses. Je veux que mon staff me comprenne. Satoshi Kon était "ce type d'homme", voilà pourquoi ses animes étaient bizarres et différents. Je sais que cela aussi est une excuse égoïste, mais pensez à mon cancer et pardonnez moi. Je ne cherche pas à m'enfuir par la mort, encore maintenant mon cerveau affaibli cherche sans relâche un moyen pour continuer à faire vivre notre travail après que j'aurais quitté cette terre. Mais ce ne sont que des idées plates. Suite à cela, il m'a fallu confier à Maruyama-san mon inquiétude quant à la concrétisation de Yume Miru Kikai. Ce dernier m'a alors répondu « Ça va. Ne t'inquiètes plus pour ça, nous ferons ce qu'il faut ».
Avec mes films précédents aussi, j'avais été très irresponsable concernant la production et les budgets, mais Maruyama-san était toujours présent pour trouver un moyen de régler la situation. Cette fois, ce n'était pas différent. Je n'ai vraiment pas changé. J'ai ainsi pu parler avec Maruyama-san, qui m'a aidé à réaliser que mes compétences et talents avaient une grande valeur dans l'industrie. « Je regrette d'avoir à perdre un talent comme toi. J'aurais aimé que tu puisse nous le laisser ».
En disant cela, je pourrais sûrement passer de l'autre côté avec un peu plus d'estime de moi. Et même si personne ne me le dit, je regrette que me visions étranges et mon habilité à dessiner en détail seront perdus, mais personne ne peut rien y faire... Je suis reconnaissant envers Maruyama-san pour m'avoir donné l'opportunité de montrer tout cela au monde entier. Je te remercie énormément. Satoshi Kon était très heureux en tant que directeur d'animation.
L'annonce à mes parents a été bouleversante.
Je pensais aller à Sapporo où ils vivent pendant que ma maladie me l'accordait encore mais celle-ci progressa très rapidement et je me retrouvais obligé de les appeler depuis le téléphone de l'hôpital, dans un état très proche de la mort.
« Je suis atteint d'un cancer en stade final, je vais bientôt mourir. Je suis heureux d'être né en tant que votre enfant. Merci ».
Ils ont sûrement été dévastés d'entendre une chose aussi absurde sortir de nulle part, j'étais sûr que j'allais mourir à ce moment là. Mais après cela, je rentrais chez moi et je guéris de la pneumonie. J'ai pris la grande décision de voir mes parents. Après tout, eux aussi voulaient me voir. Mais je sentais que ça allait être énormément difficile et je n'en avais pas la volonté. Je voulais quand même voir le visage de mes parents une dernière fois. Je voulais leur dire à quel point j'étais reconnaissant qu'ils m'aient élevé dans ce monde. J'étais vraiment heureux. Même si je dois m'excuser auprès de ma femme, mes parents et toutes les personnes à qui je tiens de devoir partir trop en avance.
Suivant mes désirs égoïstes, mes parents vinrent jusque chez moi. Je n'oublierais jamais les premiers mots de ma mère quand elle me vit allongé.
« Je suis désolé de ne pas t'avoir fait venir dans ce monde avec un corps plus fort ! ».
J'étais sans voix.
Je n'ai pu passer qu'un temps très court avec mes parents, mais c'était assez. Je sentais que rien qu'en voyant leurs visages, je me sentirais beaucoup mieux. Je ne m'étais pas trompé. Merci, Papa, Maman. Je suis heureux d'être votre enfant. Mon cœur est rempli de souvenirs et de gratitudes. La joie en elle-même est importante, mais, vous, vous m'avez appris à l'apprécier. Merci beaucoup. Ce n'est pas respectueux de mourir avant ses parents, mais depuis ces dix dernières années, en tant que directeur, j'ai pu agir comme je le voulais, réaliser mes objectifs.
Je regrette tout de même le fait que mes films n'aient pas rapporté beaucoup d'argent, mais je pense qu'ils ont eu ce qu'ils méritaient. Ces dix dernières années en particulier, j'ai l'impression de les avoir vécu plus intensément que d'autres, je pense que mes parents comprennent ce que j'avais dans le cœur. Grâce à leurs visites et à celles de Maruyama-san, j'ai la sensation d'avoir enlevé un poids de mes épaules. Finalement, ma femme, pour qui je m'inquiète le plus, a été mon support jusqu'au bout. Depuis l'annonce de la maladie, nous nous sommes plongés dans les pleurs tellement de fois. Chaque jour était physiquement et mentalement brutal pour nous. Il n'y a presque pas de mots pour l'expliquer. Mais la raison pour laquelle j'ai pu survivre jusqu'à maintenant se trouve dans ce que tu m'as dit en ce jour du 18 mai.
« Je resterais à tes côtés jusqu'au bout ».
Sensible à tes mots, tu as effacé mes angoisses et a habilement éconduit toutes ces choses qui nous tombaient brutalement dessus en prenant soin de ton mari. J'ai vraiment été touché par ton efficacité à traiter les choses si rapidement. « Ma femme est superbe ». Tu es plus superbe que tu ne l'as jamais été. Même quand je mourrais, je sais que tu m'enverras vers les cieux gracieusement. Depuis notre mariage, j'ai toujours été si absorbé par mon métier que je n'ai pu passer du temps à la maison qu'après l'annonce de mon cancer. Quel gâchis. Mais tu es restée près de moi, tu as toujours compris que je devais m'immerger dans le travail, que mon talent était dans ce milieu. Merci. Il y a tellement de choses qui m'angoissent, mais elles ont toutes une fin.
Pour finir, le docteur H. a gentiment accepté de me soutenir jusqu'à la fin, chez moi, même si ce n'est plus faisable de nos jours, et sa femme l'infirmière K-san : j'aimerais vous empresser de ma plus profonde gratitude. Le traitement à domicile à beau être très inconvenant, vous avez patiemment traité les peines et les douloureux maux que le cancer amène mais aussi tout fait pour que cette mort, certes irréversible, soit la plus confortable possible. Je ne peux expliquer à quel point vous m'avez aidé. Vous n'avez pas seulement traité cet homme arrogant et impatient dans le cadre de votre travail de médecin, mais aussi communiqué avec lui en tant qu'être humain. Je ne peux exprimer assez de gratitude pour le support que vous avez été pour moi et à quel point vous m'avez sauvé. J'ai été encouragé de nombreuses fois par votre humanisme. Je vous suis du plus profond de mon cœur, éternellement reconnaissant.
Ceci est vraiment la dernière conclusion, mais peu après avoir reçu le verdict en mai, j'ai été chanceux d'avoir pu bénéficier de la coopération, du support mental, aussi personnel que professionnel de deux amis. Mon camarade T, qui est depuis le lycée un grand ami et membre de KON'Stone Inc., puis le producteur H. Je vous remercie énormément. Merci beaucoup. Il est difficile pour moi d'exprimer correctement ma gratitude avec ce vocabulaire médiocre. Moi et ma femme ont reçu tellement de vous. Si vous n'aviez pas été là, je suis sûr que j'aurai attendu la mort avec ma femme angoissée assise à mes côtés et avec beaucoup plus d'anxiété. J'ai une dette envers vous.
Et si je puis demander une chose de plus, pourriez-vous continuer à aider ma femme après ma mort ? L'aider à m'envoyer de l'autre coté... Si vous pouviez faire cela pour moi, je suis sûr de pouvoir m'envoler en paix vers l'autre monde. Je vous le demande du fond du cœur. À tous ceux qui ont été à mes côtés tout au long de cette lettre, merci. Je pose ici mon crayon, reconnaissant pour les bonnes choses que j'ai pu vivre dans ce monde.
Maintenant je m'en vais.
Satoshi Kon. | |
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