ICv2 : le marché de la japanime vu d’outre-atlantique
La conférence ICv2 sur les animes et mangas qui s’est tenue à New York le 6 décembre dernier a été l’occasion d’avoir un regard américain sur la japanime et ses perspectives d’évolution pour les années à venir. Des points nombreux et très divers y ont été abordés, ce qui permet d’avoir une vue d’ensemble sous un angle un peu différent.
Al Kahn, PDG de 4Kids Entertainment, connu pour ses phrases choc comme « les mangas sont un problème, parce que notre culture n’est pas une culture de la lecture », a jeté à nouveau quelques pavés dans la mare en déclarant que « le manga était en train de mourir au Japon » et que les séries TV japonaises s’épuisaient avec de moins en moins de productions d’une demi-heure et une part grandissante de productions de suites d’animes à succès.
De son côté, Rich Johnson, de Yen Press, insistait sur le caractère cyclique du marché du manga au Japon, et que celui-ci, bien qu’actuellement dans le creux de la vague, constituait encore une industrie se chiffrant en milliards de dollars. Côté américain, la vente des mangas est toujours dans une phase de croissance. Gen Fukunaga de FUNimation Entertainment a résumé ces deux points de vue en disant que, si en effet le manga se développait durablement aux Etats-Unis dans un marché de niche, le Japon n’arrivait plus à produire de grandes séries marquantes et aux multiples dérivés possibles, comme ce fut le cas avec Pokemon, DBZ, Yu-Gi-Oh! ou Naruto. Il faut de plus noter que, si les ventes de manga sont effectivement en hausse aux Etats-Unis, cette hausse est moins importante qu’il y a quelques années : le marché américain a ainsi doublé entre 2003 et 2006 en passant de 100 millions de dollars à 200 millions de dollars, mais le rythme s’est essoufflé pendant cette période (67 % de croissance en 2003 contre 14 % en 2006). Cependant, note Milton Griepp, président d’ICv2, le nombre de mangas publiés, lui, accélère (1731 volumes prévus en 2008 contre 1468 en 2007). A contraire, le marché des animes décline tant du point de vue de la valeur en dollar que du nombres de sorties de DVD.
Les protagonistes présents à ICV2 ont également pointé du doigt le rôle d’internet dans la promotion et l’expansion du manga via le mécanisme du scantrad dont les effets bénéfiques rappellent ceux du fansub dans ses premières années. Cependant celui-ci est au contraire de plus en plus décrié pour son caractère illégal (attitude déjà mentionnée ici). Le problème du téléchargement illégal a d’ailleurs été un des principaux sujets de discussion à l’ICv2. Un des principaux atouts du fansub – outre son caractère gratuit – est de pouvoir proposer une version sous-titrée d’un épisode dans la semaine qui suit sa diffusion sur les chaînes de télévision japonaises, ce qui est quasi impossible pour un éditeur légal en raison du temps d’acquisition d’une licence. Cependant, certains innovent malgré tout et tentent de combattre sur ce terrain. Viz Media a ainsi diffusé en streaming payant les épisodes de Death Note, alors que cet anime était encore diffusé au Japon. Face au constat qu’il est quasi impossible de mettre fin à la diffusion illégale de fansubs via peer-to-peer, le directeur de la stratégie et du développement de Viz Media ajoutait que les éditeurs allaient devoir trouver une solution pour proposer des animes simultanément à leurs sorties au Japon et, de plus, à un tarif suffisamment attractif pour avoir une chance d’attirer les actuels consommateurs de bittorrent et consoeurs. Reste à définir un business model en partenariat avec les acteurs japonais du secteur.
Source Anime-kun