Lumières sur les conditions de travail des animateurs japonais
Alors que le marché de la japanime fait un peu grise mine, une nouvelle crise – interne cette fois – ébranle un peu plus les sacro saintes institutions de l’animation japonaise. En cause cette fois : les conditions de travail déplorables des animateurs. Ils sont en effet mal payés, travaillent énormément (parfois jusque 15 heures pas jour) sans avoir droit aux heures supplémentaires, n’ont pas de couverture sociale, pas de retraite et pas de congés, si bien que les plus démunis ne peuvent se loger décemment ni accéder aux soins hospitaliers en raison des coûts exorbitants de ceux-ci.
Tel est le constat des moins flatteurs qu’a dressé Toyoo Ashida (réalisateur de l’OAV Vampire Hunter D et de Ken le Survivant, chara-designer d’Adrien le sauveur du monde et de la série des Ginga Houryuu Vifam et fondateur du Studio Live) le 13 octobre dernier à l’occasion de la présentation de la JAniCA dont il est le président. La JAniCA ou Japan Animation Creators Association (Nihon Animêtâ Enshutsu Kyôkai) est une association à but non lucratif qui regroupe de nombreuses personnalités de la japanime (plus de 500 membres à ce jour) qui entend sensibiliser l’opinion publique tout en tentant de faire pression sur les studios pour améliorer les conditions de travail des professionnels du milieu. Parmi ceux qui ont d’ores et déjà rejoint JAniCA figurent le réalisateur Satoshi Kon, Gisaburô Sugii, fondateur du studio Group TAC, Kôji Morimoto, cofondateur du Studio 4°C et Hideyuki Motohashi, fondateur du studio Xebec.
Si le problème n’est pas nouveau – Hayao Miyazaki et Isao Takahata avaient du temps où il travaillaient à la Tôei protesté contre leurs conditions de travail et avaient conduit les revendications syndicales, avant de claquer la porte du studio et de fonder le studio Ghibli – la situation est néanmoins des plus préoccupantes : salaires ridicules (d’après les chiffres communiqués par la JAniCA, entre 20 et 30% des animateurs gagnent moins de 600 € par mois, 65% touchent moins de 18000 € par an, tandis que les intervallistes sont payés 1,5 € par dessin), surmenage, taux de turnover énorme (on estime que 70% des animateurs tiennent moins d’une année dans un studio).
Alors que de plus en plus de regards se tournent vers un marché de la japanimation en difficulté, cette nouvelle sonnette d’alarme révèle une crise encore plus profonde. Reste à transformer ce SOS en un appel d’air pour repartir sur des bases saines.
Source Anime-Kun